à propos
Céline Courtault Capelier
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Ellipse
1. (littéraire) Omission de un ou plusieurs mots dans une phrase qui reste cependant compréhensible.
Art du raccourci, du sous-entendu.
2. (littéraire) Omission dans une suite logique, une narration.
Les ellipses d'un récit.
3. (bande dessinée) Scott McCloud explique : « Les cases d'une bande dessinée fragmentent à la fois l'espace et le temps, proposant sur un rythme haché des instants qui ne sont pas enchaînés. Mais notre sens de l'ellipse nous permet de relier ces instants et de construire mentalement une réalité globale et continue. » « L'ellipse volontaire que pratique le lecteur/regardeur est le moyen fondamental par lequel la bande dessinée peut restituer le temps et le mouvement. »
4. (cinéma) Figure de style littéraire, l’ellipse possède un équivalent de même nom dans la rédaction des scénarios de films. Il consiste à suggérer une action en montrant simplement ce qui se passe avant et ce qui est observé après. La grande majorité des films se servent d’ellipses pour éviter d'exposer les actions qui n’apportent rien à la narration.
Dans le cinéma primitif des années 1890, la majorité des films sont composés d’une seule prise de vues, ce qu’on appellera plus tard un plan. [...]
Ce sont les réalisateurs britanniques de l’École de Brighton, notamment George Albert Smith, qui ont innové en apportant au cinéma ce qu’ils connaissaient déjà des dessins sur plaques de verre, projetés par des lanternes magiques, une activité de « lanterniste » qu’ils pratiquaient parallèlement à la photographie. « Si les ombres chinoises, restées fidèles comme les marionnettes à l’esthétique théâtrale, ignorèrent les variations de point de vue [changement de l’axe de prise de vues, ndlr], certaines histoires en images, voisines des célèbres images d’Épinal, les adoptèrent dès les débuts du XIXe siècle. Ces histoires illustrées furent adaptées, sous une forme à peine différente, dans les lanternes magiques. »
En 1900, George Albert Smith, avec Ce qu'on voit dans un télescope et surtout La Loupe de grand-maman, ainsi que James Williamson, avec Attaque d'une mission en Chine en 1900 et The Big Swallow en 1901, découvrent « que le plan est l’unité créatrice du film. Il n’est pas seulement “une image”, il est l’outil qui permet de créer le temps et l’espace imaginaires du récit filmique, au moyen de coupures dans l’espace et dans le temps chaque fois que l’on crée un nouveau plan que l’on ajoute au précédent. » Grâce au découpage en plans de l’espace filmé, le temps peut être transformé, rallongé ou diminué, et ce qu’on appellera plus tard l’Effet Koulechov permet de conserver le sens d’une action en passant sur une autre action qui complète ce sens. L’ellipse est une application de cette possibilité des récits filmiques, adaptée au cinéma à la charnière des XIXe et XXe siècles.